Plongée dans ses réflexions avec Monsieur Arbre, Aku avait beau délirer avec légèreté, elle sursauta lorsqu'elle écouta une voix danser entre ses feuilles.
" C'est parce que ce que nous sommes à l'intérieur est bien différent de ce que nous sommes à l'extérieur "Calme.
- Tu veux dire que l'âme n'a donc jamais d'attache, n'est-ce pas ? Mais alors, pourquoi les hommes sont-ils si attachés aux relations humaines qu'ils entretiennent ...
Silence.
- ... quoiqu'ils sont plutôt en conflit qu'en pleine démonstration d'amour, s'exprima-t-elle avec ironie.
L'abandon de son oncle lui revint en mémoire.
Les assassinats du peuple du Vent furent des images qui lui vinrent à l'esprit.
Comme d'autres. D'autres images aussi atroces les unes que les autres. D'autres images sur lesquelles elle évita soigneusement de poser des mots.
Soupir.
Le murmure du vent s'émancipa entre les arbres. Les ombres bougèrent, telles les funambules d'une troupe itinérante.
Aku ferma les yeux, les sourcils froncés. Le soucis visible.
Mais, d'où venait cette voix ? Les fantômes, elle n'y croyait pas un brin.
Était-ce l'arbre ? Même si les arbres parlent, leur langage n'est que sensation. Lui jouait-on un tour ? Au milieu de la forêt, ça semblait fort improbable.
Mais qui ? Qui donc ?
La jeune femme hissa son poids en tendant ses pointes de pieds. Elle observa les alentours de l'arbre en question afin d'y trouver une trace humaine quelconque. Mais avec l'obscurité doublement accrue à cause de la forêt, elle ne vit rien. Elle essaya de se mouvoir, se tortillant comme un vulgaire asticot, geste qui semblait améliorer sa visibilité. Pure illusion mais espoir constant.